Si il y a deux mots que tous les enseignants de Self-défense / Protection Personnelle ont entendu des milliers de fois, ce sont ceux-ci : « Et si … ».
Et si ils sont armés ?
Et si je suis accompagné de quelqu’un qui ne peut pas se défendre ?
Et si j’ai une jambe dans le plâtre ?
Etc…
Et dans le meilleur des cas, on peut même y trouver une solution technique qui, sur le papier ou dans la chaleur du dojo, sera imparable.
A un moment ou l’autre de son parcours, je pense que tout le monde se pose ce genre de questions… ce qui est tout à fait naturel, sain et même parfois utile.
Ce « raffinement » peut, à priori, être considéré comme le signe de la « richesse » d’un système de combat (Ouah ! y a plein de solutions pour tous les problèmes qui peuvent arriver), mais au final, cela s’apparente surtout à une course sans fin…
On peut consacrer sa vie entière à l’étude de la self, on n’embrassera jamais la totalité des situations qui peuvent se présenter quand on à réellement à défendre son intégrité physique.
Sans même parler du fait (scientifiquement observé depuis longtemps) que dans une situation de stress intense, le temps de réaction est proportionnel au nombre de techniques présentes dans la « boîte à outils » (autrement dit, plus vous avez assimilé de techniques différentes, plus vous mettrez du temps à choisir LA technique appropriée à la situation)
On laisse tomber l’étude de la self ?
Vu que de toute façon, la situation que j’aurai face à moi le jour J sera différente de ce que j’ai fait au dojo et que mes techniques ultra-spécifiques ne s’appliqueront pas…
Ou alors, dois-je encore essayer d’assimiler plus de techniques pour pouvoir répondre à plus de situations ?
Dans certains styles de SD (pourtant réputés comme « sérieux ») on dénombre pas moins de 4 « techniques » différentes pour cette situation, selon que l’agresseur à les bras tendus ou non, qu’il pousse ou qu’il tire.
En effet, ces variables vont avoir une importance et il faudra en tenir compte pour délivrer une réponse physique efficace.
Cependant, se focaliser sur ce qui change (donc le fait que l’agresseur a les bras tendus ou non, qu’il pousse ou qu’il tire, etc…) est un parti-pris qui n’est pas forcément le plus rentable.
Si on reprend l’exemple de l’étranglement de face : quelle que soit la situation et les variables qui la composent, il y a au moins un point commun : l’agresseur tente de m’empêcher de respirer en bloquant mes voies respiratoires.
C’est CA qui est dangereux pour mon intégrité physique, pas qu’il le fasse en poussant, en tirant, à genou ou à vélo.
L’intérêt, c’est que cette façon de réfléchir permet de se concentrer sur l’essentiel et non pas sur l’accessoire.
Ce qui est essentiel pour moi quand je me fais étrangler, c’est de dégager les voies respiratoires, de garder l’équilibre et de contre-attaquer mon agresseur de façon suffisamment dure pour qu’il ne remette pas ses mains sur ma gorge dès que je me suis dégagé.
Que mon agresseur ait les bras tendus, un pied-bot ou un nez rouge et des grandes chaussures, c’est accessoire.
Même la façon dont je vais m’y prendre (donc quelle technique je vais appliquer) est bien moins importante que le but que je poursuis…
Je vais utiliser les outils de base que j’ai à ma disposition et les adapter continuellement à la situation que j’ai en face de moi, ainsi qu’à ses évolutions possibles, en improvisant une réponse qui me permettra d’atteindre mon but (dégager les voies respiratoires et contre-attaquer tout en gardant mon équilibre).
Cela permet également, selon nous, d’avoir une plus grande réactivité dans l’action et de ne pas rester piégé dans un canevas technique rigide qui tiendra rarement la route une fois que la situation tourne au vinaigre.
Rico.
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