Technique et mental

Dernièrement, en lisant le blog de l’excellent Don Rearic (http://www.donrearic.blogspot.com) je suis tombé sur une citation que je trouve très intéressante, par un personnage qui ne l’est pas moins :

"I know people that know one technique and they have hearts of iron and minds of stone and they can do anything.
And I know people that know five-hundred techniques and their hearts are water and their minds are Jell-O and they can't do anything and they've been in the arts for twenty years."

« Je connais des gens qui ne connaissent qu’une seule technique et dont le cœur est en acier, le mental en pierre et ils peuvent tout faire.

Et je connais des gens qui connaissent 500 techniques et leurs cœurs sont comme de l’eau, leur mental comme de la gelée et ils sont incapables de faire quelque chose, pourtant ils sont dans les Arts (martiaux) depuis 20 ans »

M.A.A. James A. Keating - « Fighting Bandana » Vol. 1.


On touche ici à un point essentiel qui différencie (ou plutôt « devrait différencier ») le pratiquant de self du pratiquant d’art martiaux.

Le but d’un pratiquant d’A.M. traditionnel (si on exclut les compétiteurs, dont les buts sont légèrement différents) est d’apprendre les techniques de base de son style, de les travailler pour ensuite apprendre d’autres techniques plus complexes, etc… jusqu’à avoir étudié et maîtrisé l’ensemble du contenu technique propre à son style.
Tout le système de grade ou de ceinture repose d’ailleurs sur ce concept.

Contrairement aux idées reçues, le but d’un pratiquant de self n’est pas de maîtriser un répertoire technique, mais bien de sélectionner dans un répertoire déjà « épuré » les quelques techniques qui lui sont le plus « naturellement » adaptées (en se basant sur des critères tangibles : poids, force physique, souplesse, « background » sportif, etc…), de les travailler et de les personnaliser au maximum.

L’étape suivante devrait être de faire le point sur l’ensemble des techniques qu’il maîtrise effectivement et de se demander quelles techniques sont vraiment pertinentes, lesquelles ne sont en fait que des variantes d’une autre technique plus basique et de retirer l’accessoire pour pouvoir se concentrer sur l’essentiel.

Le but n’est pas d’aller vers un nombre de techniques et une complexification de plus en plus grandes mais au contraire de progresser vers une épure et de laisser tomber au fur et à mesure tout ce qui n’est pas essentiel…

En parallèle, l’autre point de réflexion très important de cette citation concerne le mental :

L’habileté technique ne vaut rien sans une farouche volonté de l’appliquer.

Et c’est d’autant plus vrai quand il s’agit de self et non de sport.

Dans la rue, l’avantage que procure une certaine habileté technique, bien que réel, ne pèse pas lourd face à la détermination d’un véritable agresseur.

A contrario, cela peut même induire un sentiment de supériorité pouvant entraîner un pratiquant (même de haut niveau, les exemples ne manquent pas) à faire des choix aux conséquences parfois dramatiques : accepter un combat alors qu’on pourrait partir, croire qu’on va désarmer facilement un agresseur armé, etc…

La préparation mentale est un sujet trop souvent laissé sur le coté, parfois par ignorance, souvent par facilité, mais aussi parce que c’est un domaine qui nous oblige à « nous regarder en face » et à comprendre que nous sommes responsables de nos actes bons ou mauvais.

On est responsable si, sous le coup de la colère, on blesse quelqu’un hors de toute légitime défense.
Comme on est responsable de sa survie et de son intégrité physique quand celle-ci est mise en péril par une agression.

Dans un cas, comme dans l’autre, il n’y aura malheureusement pas un arbitre pour intervenir quand les choses tournent mal.

Peace,


Rico.



P.S.: Pour en savoir plus sur le "personnage" James Keating: http://www.jamesakeating.com/

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour ces articles très intéressants.

Sielwolf