A priori, que peuvent-ils bien avoir en commun ??
Et d’abord, qui est Ray Birdwhistell ?
Les plus érudits parmi vous (ou ceux qui ont fait des études qui ne servent à rien, comme moi) auront reconnu le nom d’un célèbre anthropologue et chercheur en communication américain (1).
Ce qui a fait la réputation de Birdwhistell, c’est l’analyse « kinésique » de la communication humaine, autrement dit, tout ce que nous exprimons via notre langage non-verbal.
Son « œuvre » la plus connue, et à laquelle il a consacré des années et des centaines de pages dans ses essais, est une séquence filmée, tirée d’une séance d’interview et dite « scène de la cigarette », elle dure très exactement… 6 secondes.
Birdwhistell a analysé chaque geste, chaque regard, chaque mouvement, chaque respiration des deux protagonistes et a tenté d’en décrypter la signification.
Le principal but de cette analyse était de mettre en évidence l’existence de « kinèmes » du langage non-verbal par opposition aux « phonèmes » du langage verbal (2)
Cette manière d’analyser la communication non-verbale dans les rapports humains, a donné naissance à de nombreux autres concepts, toujours utilisés dans l’étude des théories de la communication et à inspiré toute une génération de chercheurs.
Voilà pour l’ami Ray…
Le « Happy Slapping », quant à lui, est une pratique consistant à filmer l’agression d’une personne pour ensuite diffuser l’enregistrement à des proches ou sur le net.
Cette pratique, venant à la base d’Angleterre avant de s’étendre, a connu son heure de gloire avec la démocratisation des GSM équipés de caméra, rendant plus aisée la prise de vue « sur le vif ».
Le « happy slapping » connaît de nombreuses formes dérivées, une des plus populaires étant de filmer des combats « rituels » entre adolescents en pleine poussée de testostérone.
Ok, me direz-vous, mais ou est le lien entre un anthropologue américain, une pratique barbare importée d’Angleterre et la protection personnelle ???
On y arrive tout doucement, rassurez-vous…
La plupart du temps, on a droit aux sempiternelles engueulades et bousculades suivie de l’un ou l’autre échange de coups peu dangereux par des individus visiblement pas (ou peu, ou mal) entraînés.
Parfois, les individus ne sont plus très jeunes et ça peut même être très drôle, comme Gérard vous en fait la démonstration ici :
Les travaux de Birwhistell ont mis en évidence le fait que nous communiquons autant, si pas plus, par notre langage non-verbal que par notre discours en tant que tel.
En étudiant les signes du langage non-verbal, il a également prouvé qu’au-delà du dialogue « parlé » et conscient, il y a un autre dialogue qui se met en place au niveau non-verbal et inconscient.
Ces fameuses vidéos de « happy slapping » permettent parfois d’observer le comportement et les tactiques d’agresseurs en action.
De plus, elles permettent, comme Birdwhistell l’a fait pour la scène de la cigarette, de se repasser la scène une infinité de fois, à des vitesses différentes, et par là même de disséquer et d’analyser chacune des interactions entre les différents protagonistes.
Passons maintenant aux travaux pratiques…
Deux jeunes russes qui se chamaillent, un des deux frappe par surprise et allonge l’autre pour le compte.
Mais quand, à la manière de Birdwhistell, on s’intéresse aux subtiles interactions qui se mettent en place entre les deux, à la manière dont celui en blouson noir piège celui en t-shirt vert, à la démarche hésitante et provocatrice à la fois de « t-shirt vert » quand il revient vers « blouson noir »…
On finit par se rendre compte qu’ils parlent tous les deux un langage universel et que l’issue est largement prévisible, bien avant que le coup ne parte.
En fait, cette vidéo est une véritable mine d’info sur le comportement d’un prédateur juste avant qu’il ne passe à l’attaque et c’est ça qui la rend éminemment intéressante.
Il y a une multitude d’indices subtils, trahissant l’imminence de l’attaque, qui peuvent être relevés…
C’est le fait d’apprendre à reconnaître ces indices qui fait tout l’intérêt de l’analyse de ce genre de vidéos, car justement les indices en question (qu’on nomme en anglais « pre-assault cues ») sont en grande partie inconscients et quasi universels… « Blouson noir » agit, à très peu de choses près, de la même manière que son homologue belge ou camerounais et les indices qu’il laisseront filtrer sont les mêmes.
Bonne réflexion,
Peace,
Rico.
(1) Ray Birdwhistell : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ray_Birdwhistell
(2) Phonème : http://fr.wikipedia.org/wiki/Phon%C3%A8mes
(3) Quelques analyses brillantes de cette vidéo par les membres du forum de David Manise (http://www.davidmanise.com/forum/index.php/topic,8287.0.html ) et sur « Pas mal, pas normal », le blog de notre ami Djé (http://pasmalpasnormal.over-blog.com/article-19575183.html ), sur ce blog, je vous conseille également la lecture de cet article ( http://pasmalpasnormal.over-blog.com/article-20014732.html ) qui détaille parfaitement différentes vidéos d'agression et donne de bons conseils sur les "pre-assault cues".
1 commentaire:
Merci pour les links vers mon blog !
Djé
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